Pointe centrale du Sapey - Délit de fuite
L'été 2014 restera dans nos mémoires comme un été pourri et où l'on n'aura en tout cas pas fait d'explois ! Ce week-end Pascal et moi avions prévu de faire la traversée des Aiguilles du Diable au Mont-Blanc du Tacul, mais même s'il fait beau, là haut c'est l'hiver !
Du coup, après un joli but à l'Aiguille Putscheller le week-end dernier, à cause du vent et de la neige, nous prenons cette fois-ci nos précautions et décidons d'aller grimper !
Je rejoins Pascal aux Houches dimanche matin et nous partons en direction du Sapey, tout contents d'aller découvrir une nouvelle voie.
Cela fait longtemps que je voulais aller grimper dans les Aravis et je n'en n'avais encore jamais trouvé le temps, du coup merci quand même la météo :-)
Après un peu moins d'une heure trente de voiture, nous nous parquons au Crêt, petit hameau avec une vue quatre étoiles sur la paroi !
Nous nous équipons et commençons à marcher vers 9h00, il fait encore frais et c'est appréciable, car la montée est efficace !
Après une bonne heure de marche, nous arrivons au pied de notre voie du jour, Délit de fuite. C'est l'une des voies les plus facile du site, mais bien assez corsée pour moi, 11 longueurs entre le 5b et le 6a.
Il y a déjà une cordée engagée dans la deuxième longueur, tandis qu'une autre cordée de trois jeune gars commence lorsque nous arrivons.
Ce n'est pas grave, il fait beau, plutôt bon et nous ne sommes pas pressés. Nous nous équipons donc tranquillement tandis que les jeunes sont dans la première longueur. J'en profite pour admirer un peu le paysage et essayer de ne pas me faire peur avant de commencer :-)
Cette première longueur est cotée 5c, mais je vois surtout un petit surplomb qui m'impressionne un peu. Eh oui, je suis toujours une grimpeuse médiocre et dès que je vois un surplomb mon cerveau ne fonctionne plus, et du coup mes mains et mes pieds non plus ;-)
Enfin, Pascal commence et comme d'habitude, à le voir ça à l'air si facile ! Je pars à mon tour et bien entendu, ce n'est pas facile :-) Encore une fois, je "brasse un peu l'air" et j'arrive vers mon ami pas très rassurée.
Heureusement, la deuxième longueur est moins soutenue et je reprend un peu confiance et me fais plaisir. Le rocher est magnifique, du beau calcaire qui croche bien, comme j'aime !
Du coup, j'arrive au pied de la troisième longueur un peu plus confiante, c'est pas plus mal, car cette fois-ci il y a un pas de boc en 6a, n'y pensons pas :-)
Pascal attend un peu, puis grimpe, comme d'habitude, avec une aisance déconcertante. De mon côté, je suis comme je peux, mais je commence à être mieux et ne rencontre pas trop de soucis... tant que la corde est tendue... à bloc :-)
Je rejoins Pascal au relais, puis nous marchons sur une vire pour rejoindre la longueur suivante, un joli mur qu'il faut rejoindre.. je ne sais pas comment !
Jusque là ça va plutôt bien, si ce n'est mes pieds qui me font souffrir et ça promet, il reste 7 longueurs et on peut dire c'est une voie où il faut être bien sur ses pieds, n'y pensons pas !
Nous profitons des temps d'attente pour admirer le paysage et boire un peu. Nous n'avons pas faim, mais très soif et avec un litre d'eau je risque de ne pas aller très loin.
Malgré l'attente, les longueurs s'enchainent, toujour sur ce calcaire magnifique ! Cannelures, dalles, fissures, c'est splendide !
Nous arrivons bientôt à la huitième longueur, encore une 6a, avec un petit surplomb et à nouveau mon cerveau ne fonctionne plus, du coup je peine à trouver les prises et pourtant ce n'est pas si dur !
Je patauge un peu et Pascal me file un coup de mains pour le rejoindre. Aller, ça c'est fait, n'y pensons plus :-)
Nous nous retrouvons maintenant au pied d'une magnifique dalle, toute jolie comme j'aime. Raide avec de petits gratons, ça c'est chouette !
Je me fais bien plaisir sur cette longueur, où il faut bien poser ses pieds, mais le rocher est tellement adhérent, c'est top ! Le seul bémol, c'est que j'ai tellement mal que je ne sens plus mes orteils, tout endoloris ! :-)
Je rejoins tant bien que mal Pascal, vaché sur un arbre dans un endroit pas très commode, mais comme il y avait bouchon au relais, il est monté un peu plus haut, avec raison !
Nous sommes déjà arrivés à la dernière longueur, en 5b+ (je ne comprendrai jamais à quoi ça correspond ce + dans du 5, mais bon !) et je rêve d'avoir mes baskets aux pieds !!
Il faut traverser un peu au départ, assez délicat et le premier de la cordée qui nous suit nous fait un peu soucis et il me dira au relais qu'il a eu chaud !
De mon côté je rejoins Pascal, en grimpant presque sur les talons tellement j'ai mal et je décide de mettre mes baskets pour la dernière longueur, de magnifique cannelures !
Sauf que sans chaussons, quand on ne sait pas grimper, ben ça va pas du tout ! Et j'ai la chance d'avoir un monsieur super sympa, que j'ai laissé passé et qui bloque sa corde pour que je me tire dessus ! La totale, m'enfin j'arrive en haut, sans avoir mal au pieds et sans avoir grimpé ;-)
Mais peu m'importe, la seule chose qui compte c'est de ne plus avoir mal et une chose est sûre, je vais brûler mes chaussons sur le bûcher des sorcières !! :-)
Mais avant cela, une sacrée descente nous attend et il faut rejoindre un couloir en longeant l'arête, chute interdite !
Ce retour est long et exposé et nous ne traînons pas de le couloir, afin d'éviter de recevoir une pierre par les gens qui nous suivent.
Après environ deux heures de descente soutenue, nous sommes de retour à la voiture, tout contents de cette belle journée et surtout motivés à aller boire l'apéro chez Pascal :-)
J'arrive à la maison vers 21h30, des étoiles pleins les yeux et en pensant déjà au week-end à venir, en espérant pouvoir aller faire un tour en altitude :-) Mais surtout, demain je vais acheter de nouveaux chaussons confortables !