Zinalrothorn - 4221 m
Deux petites journées de repos pour nos gambettes après notre expédition au Moine et me voici repartie en pleine forme pour le Zinalrothron ! Depuis le temps que je l'attends et que j'en rêve, cette fois-ci l'heure a sonné !
Chouchou préfère rester tranquille et récupérer après 4 jours de suite la semaine dernière en altitude, pour être en forme le week-end prochain. C'est donc avec notre ami Pascal que je pars en direction de Zinal.
Il fait un temps grandiose, pas un nuage dans le ciel, l'été est enfin là ! Je suis contente que nous ayons annulé notre semaine aux Ecrins en juillet quand il faisait moche ! Notre patience a été récompensée !
Après m'être trompée de sens en prenant l'autoroute nous arrivons tout de même à Zinal vers 9h00. Quelle tête en l'air, j'ai oublié de prendre à boire, je retourne donc vite à la station chercher de l'eau. Quelle pomme, j'espère être mieux réveillée demain :-)
Il fait 8 degrés lorsque nous commençons à marcher, pas très chaud, mais au moins nous serons bien pour monter à la cabane. Le but du jour est la cabane du Grand Mountet, 1200 m de dénivelé plus haut et surtout une longue distance. Le panneau indique 4h10 depuis ici.
Le chemin est long, près de 3 km quasiment à plat, avant de rejoindre le sentier qui monte sur la moraine, rive gauche du glacier de Zinal. D'ici la vue est déja magnifique et la face nord du Grand Cornier attire nos regards.
Nous montons à un bon rythme dans cette fraîcheur bien appréciée et arrivons déjà bientôt dans une jolie traversée à flan de côteau, sous le Besso. C'est ici que nous rencontrons deux beaux bouquetins, pas du tout impressionnés par notre présence !
Pas stressés par l'horaire, nous faisons une pause pic-nic d'une bonne demi-heure avant de reprendre notre chemin. Cette fois-ci c'est parti pour une bonne et vrai montée bien raide.
Au moins c'est efficace et je vois enfin les mètres augmenter sur ma montre :-) Le chemin tourne ensuite et nous arrivons sur de gros blocs d'où la vue sur une partie de la Couronne Impériale est grandiose ! Le splendide Obergabelhorn, la sublime Dent-Blanche, la Pointe de Zinal et le Grand Cornier offrent un spectacle qui ne peut que faire rêver tout passionné de montagne !
Quelle chance d'être ici, je suis dans un autre monde, il manque juste Chouchou que j'ai emmené dans mon coeur. Nous avançons toujours à un bon rythme et soudainement le Zinalrothorn pointe son nez. J'ai de la peine à imaginer que dans 24h00 je serai là-haut !!!
Il nous reste une demi-heure de marche et nous atteignons bientôt la cabane. C'est la troisième fois que je viens ici, mais c'est toujours aussi merveilleux et la présence des ces sommets imposants inspire au respect !
Nous avons passé de grands moments ici, dont un week-end à skis mémorable il y a deux ans ! Des instants de folie, de fous-rires et de partage au Mont Durand et au Blanc de Moming, mythique !
Je rêvais déjà à cette époque de tous ces sommets, mais je ne pensais pas pouvoir réaliser ce rêve. Depuis nous avons déjà gravi la Dent Blanche et cette fois-ci enfin le Zinalrothorn !
Trève de rêveries, nous arrivons à la cabane en pleine forme et pas fatigués. Nous nous installons tranquillement au soleil et passons l'après-midi à papotter et à se reposer avec en ligne de mire notre course de demain.
Vu d'ici il a l'air moins imposant que depuis la vallée, la cabane Tracuit ou verstant Zermatt, mais méfions-nous de son air débonnaire ! La soirée se passe tranquillement et nous allons nous coucher vers 21h00.
Nous nous levons à 3h50 et après un bon petit déjeuner nous partons vers 4h45 sous la pleine lune. C'est magnifique, pas besoin de frontales, la lune éclaire nos pas et veille sur nous.
J'adore cette ambiance unique que l'on rencontre lorsque l'on part faire une belle course. Nous remonttons la moraine pour atteindre le glacier de Mountet. Nous sommes 3 cordées à partir pour l'arête nord et 3 également pour la Rothorngrat.
Le jour se lève lorsque nous mettons nos crampons pour rejoindre l'élégante et impressionnante arête du Blanc qui fait la jonction entre le Blanc de Moming et l'épaule du Zinalrothorn.
Le glacier a quelques belles crevasse et de gros ponts, mais la neige est dure et rien ne bouge. Le ciel commence à prendre des couleurs rose et bleues derrière les sommets, c'est magnifique !
L'Obergabelhorn et la Dent-Blanche sont imposants et derrière le Cervin et la Dent d'Hérens pointent leur nez, que spectacle ! Je ne m'en lasse pas, c'est le bonheur d'être ici !
Enfin, c'est ici que les choses sérieuses commencent ! Je jette un dernier coup d'oeil au grandissime Weisshorn et à la vallée avant de me concentrer et d'attaquer l'arête du Blanc qui va nous conduire à 4017 m à l'épaule du Zinalrothorn. Elle est très effilée et raide à la fin, tout faux pas est ici absolument interdit !
C'est un magnifique voyage entre ciel et terre, un moment riche en émotions. J'ai de la peine à me rendre compte où je me trouve et surtout que je suis en train de réaliser l'un de mes rêves les plus chers !
Nous atteignons bientôt les rochers et rattrapons la première cordée de trois jeunes allemands. Le vent souffle ici très fort et nous nous habillons chaudement. Devant nous notre course, imposant !
Le début de l'arête est facile et l'itinéraire assez simple, tout droit ! :-) La vue est encore une fois magnifique, c'est un spectacle grandiose ! La plupart des 4000 des Alpes sont sous nos yeux !
Versant Zermatt les 4000 de Saas Fée et du Mont-Rose, je réalise que nous avons déjà gravi passablement de sommets avec Chouchou ! C'est trop beau, je suis sur un nuage ! Euh non, sur une arête :-)
Nous avançons sans soucis et assez rapidement malgré le vent fort, quelques passages grimpent un peu, mais tout va pour le mieux malgré les crampons.
On s'y fait à force et finalement les pointes ça croche partout, même les petits grattons, faux juste pas s'emmêler les pinceaux :-)
Encore quelques jolis passages pas trop durs avant d'atteindre le premier morceau de choix, le fameux rasoir !
J'en ai vu des photos de ce gendarme, impressionnant et extrêmement effilé. C'est ici que les choses sérieuses commencent.
Pascal le grimpe sans soucis et je le passe a mon tour sans trop rencontrer de problèmes. Je ne peux même pas dire qu'il est impressionnant car je suis bien concentrée sur ce que je fais. Ce passage est magnifique et j'ai vraiment un réel plaisir à être ici !
Un relais à l'arrivée permet de s'assurer et nous continuons notre chemin, derrière nous les deux cordées d'allemand prennent un peu de retard.
De notre côté, nous continuons en direction du Sphinx. Ce gendrame imposant s'évite versant Mountet sans trop de difficulté, mais un ou deux spits sont les bienvenus pour s'assurer.
Durant tout ce temps je ne me lasse pas de la vue qui nous est offerte ! Tous ces géants sous nos yeux, il n'y a pas de mots pour décrire tant de beauté !
Devant nous, quelques beaux passages nous attendent encore, la course est encore loin d'être finie. Heureusement d'ailleurs, je me régale comme une gamine !
Nous atteignons ensuite la Bourrique, passage très effilé qu'il faut paser à califourchon ! On y trouve un spit au milieu pour se protéger, mais enfin c'est bien gazeux, la concentration continue !
Quel passage, mes fesses vont s'en souvenir longtemps ! Et en plus, c'est pénible d'avancer à califouchon :-)
Nous rejoignons ensuite la dernière difficulté, la Bosse une tour haute de 40 m ! Deux cordées sont en train de descendre en rappel, pendant que nous y montons.
Respect de chacun, nous de ne pas les gêner et eux de ne pas nous trouer à coup de crampons ! L'escalade y est jolie et pas très dure et nous rejoignons ensuite une courte pente de neige qui nous ramène sur l'arête.
Mais si le sommet n'est plus très loin, il nous reste encore une belle arête effilée en neige à parcourir. Le souffle commence à se faire court, mais il faut rester concentrés.
Le sommet est là, tout proche, mon rêve sera bienôt réalisé ! Encore quelques mètres d'effort et nous y serons !
Nous atteignons la croix vers 11h00 et nous somme seuls au sommet ! Quelle joie et quelles émotions je ressens ici ! Je n'en reviens pas d'être là, au sommet du Zinalrothorn !
J'ai une pensée émue pour Chouchou, car c'est la première fois que je fais un sommet sans lui. Mais il est là, avec nous, dans mon coeur.
Je fais un gros bisous à Pascal et nous nous asseyons à l'abri du vent pour contempler le paysage et boire un peu ! Quel spectaclle, j'ai l'impression d'être dans un avion !
Devant nous la voie normale qui vient de la Rothornhütte, le Cervin grandiose et que de sommets que je ne peux même pas citer tellement ils sont nombreux !
La vue va jusqu'au Mont-Blanc et aux Alpes Bernoises, c'est indescriptible, je suis tellement heureuse d'être ici ! Comme me dit Pascal, un 4000 de plus à cocher et encore tant d'autres qui nous attendent !
Malgré le bonheur d'être ici, il faut songer à rentrer. La descente devrait être plus longue que la montée et surtout comme bien souvent et surtout encore plus difficile.
Nous redescendons l'arête sommitale lorsque nous croisons le sympathique guide allemand avec ses deux clients qui ont l'air bien fatigués ! Arrivés à la Bosse, nous tirons deux rappels pour rejoindre le pied de celles-ci.
Les trois petits jeunes sont au départ de celle-ci, la journée sera très longue pour eux et j'espère que tout se passera bien !
De notre côté nous rejoignons rapidement la Bourrique. Et encore une fois à califourchon, cette fois-ci je ne sens plus mes fesses, roh là là ! Je fais un relais au bout de l'arête et assure Pascal.
Nous contournons ensuite le Sphinx et shuntons le rasoir pour gagner du temps et nous en gagnons ! Nous atteignons rapidement la fin des difficultés et retrouvons la fin de l'arête plus facile.
Dernier coup d'oeil ému sur la vue splendide avant d'attaquer la descente de l'arête du Blanc. C'est mon plus gros soucis de la journée, j'espère que la neige ne soit pas molle !
Par chance celle-ci tient encore bien et nous descendons tranquillement mais sûrement. Je suis hyper concentrée, pas trop envie de m'encoubler ici, même si Pascal me dit que si c'est le cas il saute de l'autre côté !
Nous arrivons au pied de celle-ci sans soucis, passons la rimaye comme une fleur et faisons enfin une pause méritée sur le glacier. Il fait maintenant très très chaud et nous prenons le temps d'en profiter.
Il ne nous reste maintenant plus qu'à rejoindre la cabane. La descente du glacier est extra, le neige est un peu molle et nous filons à toute vitesse, trop cool !
Nous rejoignons ensuite la moraine et descendonc tranquillement en direction de la cabane. Il fait maintenant une chaleur étouffante, le vent est tombé lorsque nous étions au sommet !
Arrivés nous nous posons vraiment heureux de cette journée hors du commun et buvons un bon coca bien sucré et bien mérité :-) Il e nous reste maintenant "plus" que 1200 m de dénivelé et environ 3 heures pour rejoindre Zinal.
Heureusement, aujourd'hui la forme est là et je me sens très bien. C'est donc parti pour un long retour, plein d'images dans les yeux et dans le coeur. Je vais aller rejoindre mon Chouchou et lui raconter cette belle aventure à laquelle il ne manquait que lui.
Et voilà Pascal, une coche de plus, mais nous avons encore du boulot :-) Merci du fond du coeur pour ces moments inoubliables et à tout bientôt. Mille bisous à toi et Maryse
Album photos : http://www.leschouchoux.com/album-1931655.html
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