Petit Capucin - Goulotte Valeria

Voici enfin le beau temps de retour, on n'y croyait plus et ça fait même tout bizarre ! En ce lundi de Pâques, c'est congé et il fait grand soleil, je file donc encore une fois rejoindre mon ami Pascal sur Chamonix !

Nous avons rendez-vous à 8h30 au départ du téléphérique de l'Aiguille du Midi, impossible d'avoir une benne plus tôt, c'est noir de monde !

Enfin tout est réuni pour aller faire une goulotte, même s'il a énormément neigé ces derniers jours pour une fin mars ! Nous nous retrouvons encore une fois en boîte comme des sardines dans la benne mais arrivons à l'Aiguille entiers, même pas reçu un coup de sac ou de skis :-)

Nous nous dépêchons de filer et descendons l'arête à toute vitesse, il faut dire qu'en hiver c'est de la balade comparé à l'été, surtout que je me souviens de ma dernière remontée ici, je n'étais pas fière, avec des rafales de vent à près de 80 km/h !

Enfin, aujourd'hui il fait grand beau et pas de vent pour l'instant et les -15 annoncés ne se font pas sentir ! Mais comme ça fait du bien au moral de retrouver mes montagnes adorées et d'oublier tout le reste !

Nous mettons nos skis et nous laissons glisser tranquillement en direction du Petit Capucin en passant non loin du Mont-Blanc du Tacul et des quelques goulottes que nous y avons fait.

S'il y a toujours passablement de monde, il faut reconnaître que c'est un endroit magnifique et en plus la plupart des gens viennent pour skier la Vallée Blanche. Nous nous retrouvons donc rapidement très tranquilles.

Nous prenons le temps de papotter, de s'arrêter pour regarder des voies, parler des courses que nous avons faites et de celles que nous voulons encore faire... et il y en a encore pour quelques années :-)

 Nous arrivons bientôt en vue de notre objectif du jour, la goulotte Valeria, qui fait 7 longueurs. Nous voyons déjà au pied de la voie deux cordées, mais du temps que nous y arrivions, elles seront déjà en route.

Une petite pause pour boire un peu et mettre nos peaux et nous attaquons la montée tranquillement. Il faut dire que nos sacs sont hyper lourds à cause du matériel et en plus je porte mes grosses chaussures, car mes crampons ne tiennent pas très bien sur mes chaussures de skis ! Ce n'est pas plus mal, ça fait le physique :-)

Je me rends compte que ça fait quelques temps que je ne suis plus allée en montagne et le souffle est court, mais heureusement l'approche est également courte !

Arrivés au pieds de la voie, nous nous équipons tout tranquillement, nous habillons chaudement et partons tout contents, il est quasiment midi ! Oui il faut dire que nous ne sommes pas pressés et nous avons décidé de ne pas descendre avec le train du Montenvers, car nous ne serons jamais à l'heure !

 

La descente de la Vallée Blanche jusqu'à Chamonix passe encore bien, alors nous allons en profiter. La seule obligation, c'est d'arriver avant la nuit et ça... ce n'est pas toujous les cas :-)

Pascal part tranquillement pour la première longueur, en glace un peu noir et bien cassante, mais ce n'est pas ceci qui va lui poser problème ! En fait jamais rien ne lui pose problème :-)

Il arrive rapidement au relais et je pars à mon tour le rejoindre. Je suis toute contente, car je me sens bien surtout si je compare à notre sortie à la cascade du P'cheu en janvier où j'avais bien galéré :-)

Nous sommes à l'ombre, mais nous n'avons pas froid car nous sommes bien équipés. Il faut dire que j'assure et que je grimpe avec mes gros mouffles chauffants et ça va bien ! C'est juste un peu compliqué pour enlever les broches, mais je m'en sors :-)

Je rejois bientôt Pascal au premier relais, qui vient de se faire ch... dessus par la cordée du haut ! Ben si si c'est vrai, le genre de truc qui n'arrive qu'à nous ! Je me disais bien qu'il y avait une odeur suspecte, ben voilà... Du coup, c'est soit on se fâche, soit on rigole !

C'est juste incroyable, au point qu'on est obligés de se marrer ! On en déduit qu'on va être bénis pour le reste de l'année ! Vive la montagne et la nature !

Passé ce "léger" désagrément, nous partons pour la deuxième longueur avec plaisir, on s'éloigne de l'endroit sinistré ! :-) Il faut traverser et passer quelques rochers avant de trouver de la très bonne glace, c'est un régal !

C'est vraiment le bonheur d'être ici, nous sommes maintenant tranquilles et plus rien ne compte que le moment présent et de grimper sans soucis !

Plus nous montons, plus la glace devient meilleure et le piolet et les crampons entrent facilement et tiennent bien, c'est vraiment le top ! C'est fou comme j'aime ça !

Pascal est tout content aussi et comme toujours nous faisons une sacrée cordée et nous rions bien ! Il faut dire que l'on commence à avoir vécu un certain nombres d'aventure ensemble, dont certaines mémorables :-)

Le temps avance et nous savons que nous ne pourrons pas aller tout à fait jusqu'en haut, mais nous continuons encore sereinement. J'ai juste envie que ça ne s'arrête pas, je pourrai grimper toute la journée si c'était possible !

Toutes les longueurs sont vraiment jolies et pas trop dures, ou alors je suis devenue bonne, mais ça, ça m'étonne beaucoup :-) Quoi qu'il en soit, je suis très contente, car cela laisse présager de bons moments pour les futures courses prévues qui seront certainement dures pour moi !

 

Nous arrivons à la cinquième longueur que Pascal voudrait bien que je fasse, mais vu l'heure c'est un peu limite ! Il y va donc et heureusement pour moi, car sous son air débonnaire, il se trouve que c'est très délicat !

 

Il ne peut poser aucune broche, car le rocher est à fleur de la glace et dès qu'il tape un peu, le piolet le heurte ! En plus il y a une couche de neige instable et rien ne tient ! A coup sûr que je me serai cassée la figure !

La longueur prend donc passablement de temps et il peut enfin poser un friend à près de 20 mètres de moi ! Beurk, j'aime pas ça ! En plus notre corde est un peu courte et nous devons monter corde tendue pour trouver le relais... que Pascal ne trouve finalement pas !

Il en fait donc un relais sur un rocher et nous décidons de descendre ici, sinon nous allons nous mettre de nuit :-) Nous retrouvons ici un couple qui était devant nous et optons pour tirer les rappels ensemble pour aller plus vite.

Nous avons du fil à retordre pour tirer la corde du premier rappel et finalement je l'attache à moi alors que je descends et je dois y mettre tout mon poids pour la faire bouger centimètre par centimètre, mais au final elle vient !

La suite se passe bien si ce n'est un tour mort autour d'un rocher, mais encore une fois, Pascal nous dépatouille ! C'est le meilleur, ça je le sais depuis longtemps :-))

Nous arrivons bientôt au pied de la voie, sans encombres, il est presque 18h00 ! Nous rangeons nos affaires, plions les cordes, buvons un peu et attaquons la descente pas si évidente, car il y a près de 80 cm de neige fraîche mais plutôt lourde !

Inutile de dire qu'avec le poids du sac ça en devient comique ! Et bien entendu je me prends une gamelle, alors salut le cadeau pour se relever, on dirait un éléphant de mer :-)

Enfin, nous retrouvons bientôt la trace de la Vallée Blanche et là c'est dur comme du béton, pas de risque de s'enfoncer. Nous skions tranquillement avec le jour qui tombe, nous sommes seuls, c'est magique !

Malgré tout il faut rester concentrés, car la visibilité commence à diminuer et il serait dommage de se blesser maintenant ! Mais à part une ou deux chutes comiques, nous arrivons sans encombre sur la Mer de Glace.

Il nous reste une petite remontée à faire, et hop les skis sur le dos et c'est parti ! Ce coup-ci Pascal doit me mettre le sac, car je n'y arrive plus toute seule avec le poids des skis. Une fois en route ça joue :-)

Une petite dizaine de minutes plus tard nous voici à la buvette des Mottets, il est 19h45 et nous voyons Chamonix en bas, magnifique ! Nous buvons un peu et partons pour la dernière ligne droite ! Enfin ce n'est que l'expression, car il y a des virages de tous les côtés :-) Enfin, 3/4 d'heure plus tard nous voilà arrivés à destination, il fait nuit et nous ne nous en sommes même pas aperçus !

Voilà encore une sacrée journée, près de douze heures, sans manger, c'est bon pour la ligne et on sait qu'au moins on a de l'endurance !

Maintenant il ne faut plus que le beau temps pour continuer nos belles virées ! Merci à toi Pascal pour cette journée mémorable que nous n'oublierons certainement jamais :-)

Album photo : http://www.leschouchoux.com/album-2153084.html

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