Dent d'Hérens - 4171 m
L'été enfin arrivé, nous continuons sur notre lancée de cette dernière semaine ! Il fait beau, il fait chaud et le week-end promet d'être magnifique, peut-être le plus beau de la saison !
De plus presque tous les copains sont libres et nous décidons de tenter, pour la troisième fois, la Dent d'Hérens ! C'est qu'elle se fait désirer la belle ! Après deux tentatives échouées à cause des avalanches et de la tempête de vent, cette fois-ci je sens que c'est la bonne :-)
Pour bien profiter du week-end, nous partons vendredi soir en direction de Bionnaz, avec Pierre-Yves et Olivier où nous passons une soirée tranquille dans un petit hôtel au pied du barrage de la Place Moulin.
Après une nuit bien agitée, je ne ferai pas de commentaires, nous partons samedi matin vers 7h00 en direction du refuge d'Aoste. Nous avons pris nos vtt pour nous épargner l'interminable trajet à plat le long du barrage, surtout au retour. Ce sera un gain de temps assuré et surtout de fatigue !
Comme la journée va être très chaude, nous avons décidé de partir assez tôt pour profiter de la fraïcheur matinale. Nous grimpons sur nos vélos et nous dirigeons un peu hésitants en direction du refuge de Prarayer qui se trouve au bout du lac.
Il nous faut quelques tours de pédales pour nous sentir à l'aise sur nos vélos avec nos gros sacs et surtout nos chaussures rigides, c'est assez comique :-)
Nous les laissons un peu après le petit hameau et commençons à marcher vers l'objectif de cette journée, le refuge d'Aoste. Le dénivelé n'est pas très important, environ 800 m, mais la distance est longue.
Enfin, nous ne sommes pas du tout pressés et profitons du paysage et de papoter en montant tranquillement. Nous sommes encore à l'ombre et c'est vraiment très agréable de marcher dans ces conditions.
Après une courte montée, nous cheminons dans le fond du vallon, souvenirs ici des avalanches qui tombaient de tous les côtés en avril l'année dernière, c'est mieux maintenant !
Tout au fond, nous devinons déjà le refuge sur la morraine, mais le trajet est encore long. Devant nous le glacier de Tsa de Tsan, parcouru également cet hiver avec Pierre-Yves et Carole, encore de bons souvenirs !
C'est vraiment très beau, ces séracs accrochés à la montagne, la rivière à l'eau presque blanche et le ciel bleu, on ne peut rien demander de mieux !
Bon, à force de trop admirer le paysage, je réussi tout de même à m'encoubler et à tomber ! Chute pas mal selon mon cher Pierre-Yves :-)
Le soleil nous rattrape à mi-parcours, mais comme il n'est encore pas trop tard, la chaleur est supportable. Nous passons sur un petit pont avant de contourner un joli lac.
D'ici il nous reste un petit passage raide sur les rochers, équipé de chaines, et nous arriverons au refuge. C'est vraiment beau et nous sommes tout heureux d'être ici !
Nous grimpons facilement avant de passer à côté d'une jolie cascade qui tombe avec fracas au-dessous du glacier. Encore un petit quart d'heure et nous arrivons au refuge.
La montée n'a pas été pénible, nous avons pris notre temps pour ne pas nous fatiguer et nous arrivons en pleine forme, juste à l'heure pour l'apéro avec vue 5* sur notre course de demain !
Nous nous installons au soleil et buvons la bouteille de rouge que notre Tonneau a pris la peine de porter ! Chais pas comment il fait çui là là des fois :-)
Le gardien à l'air moyennement sympa et la gardienne aussi. Ce n'est plus le temps où notre Gigi gardait le refuge ! C'était toujours une fête d'arriver ici et de se faire accueillir comme des rois ! Il est maintenant au refuge Nacamuli, où promis, nous irons le trouver !
En attendant, nous mangeons quelque chose et profitons du soleil avant d'aller faire une sieste. La cabane étant pleine, ils nous ont casés sous le toit, sans fenêtre, ça promet pour cette nuit !
En fin de journée, Ben et Nicolas nous rejoignent et nous passons une sympathique soirée avant d'aller nous coucher vers 21h00. Les gardiens font la "fête" jusqu'à 22h30, sympa quand on se lève à 3h00 du mat !
La nuit est horrible, on crève de chaud, j'essaie d'aller dormir dans la cuisine, mais ce n'est pas top. En plus à 2h00 les premières cordées se lèvent et nous sommes réveillés.
Et oui, le gardien fait deux déjeuner, 2h30 et 3h30 et bien entendu nous sommes dans le deuxième ! Enfin, nous mangeons rapidement et quittons le refuge à 4h00.
La montée sur la morraine réveille quiconque dormirait encore ! C'est plutôt raide et assez long, en plus il fait une monstre chaleur !
Nous marchons à un rythme pas trop rapide, mais régulier et arrivons bientôt au pied du glacier. La première pente est raide et surtout bourrée de crevasses énormes ! Nous avons jumelé des cordées qui semblaient perdues hier après-midi.
Enfin, pour l'instant c'est dur et nous passons sans soucis, en devinant des trous béants sous nos pieds. Dans ces cas là, il ne faut pas trop réfléchir et avancer !
La suite est meilleure et le glacier devient ensuite presque plat. Le voilà ce fameux glacier des Grandes Murailles ! Effectivement il est bien crevassé, mais les ponts tiennent bien pour l'instant.
Le jour commence à se lever et nous arrivons au Tiefmattenjoch. Ce col raide, caillouteux et dangeureux nous conduira sur l'arête. Nous avons rattrapé 2 cordées et les laissons monter pour éviter de recevoir des pierres.
La montée au col est équipée de cordes fixes bien appréciées et nous y arrivons rapidement. De l'autre côté la vue sur la Dent-Blanche est saisissante, encore un bon souvenir !
L'arête rocheuse débute ici, le rocher à l'air correct et le début est assez facile. Nous avons fait 3 cordées : Olivier et Nicolas, Chouchou et Pierre-Yves et moi avec mon habituel copain de cordée, Ben !
Nous avançons assez rapidement et rattrapons deux cordées d'italiens qui ont l'air bloquées dans la traversée d'un gendarme, pourtant équipé.
Chouchou et Pierre-Yves leur passent devant, tandis que Ben et moi décidons de le grimper. Le rocher est magfnique, l'escalade ludique, on se fait plaisir ! Derrière nous, Nicolas et Olivier font pareil, tout va pour le mieux.
Nous sommes tout sourires et nous amusons comme des enfants. L'ambiance est excellente et le temps est merveilleux ! Je suis étonnée de voir à quel rythme nous avançons.
Vers 3750 mètres nous rejoignons le glacier que nous remontons jusqu'à environ 4050 m. Le souffle commence à se faire court, mais tout va bien. La pente n'est pas trop raide, 40 degrés maximum et la neige est bien dure.
Nous ne sommes pas loin les uns des autres et nos petites cordées avancent bien. Nous évitons quelques pierre jetées par d'autres cordées, certaine de justesse ! C'est fou ces gens qui ne font pas attention !
Bientôt nous rejoignons la dernière partie rocheuse, plus raide, qui va nous conduire à l'arête sommitale. Elle est équipée de ralais bienvenus car certaines dalles sont en glace.
Ben et moi avons gardé nos crampons et nous montons du coup rapidement. Tout droit, rocher, neige, glace, tout se passe bien. Mais nos compères ont enlevés les leurs et doivent faire quelques variantes pour éviter la glace.
Nous jettons un oeil aux copains pour savoir si tout va bien et ils nous disent que c'est ok. Du coup nous continuons jusqu'à un petit et court couloir neigeux qui nous conduit sur l'arête sommitale.
Et là... c'est somptueux ! Le Cervin trône devant nous, gigantesque et solide, on se sent tout petits ici ! Quel spectacle et quel bonheur d'être là !
Nous croisons une ou deux cordées parties une heure avant nous, finalement ils n'ont pas beaucoup d'avance, ou nous avons bien grimpé ! Oui, ça doit plutôt être ça :-)
Cette arête n'est pas trop longue, mais un peu plus effilée et il faut être vigilant. A voir certaines personnes, on se demandent ce qu'elles font ici et surtout comment elle ne sont pas tombées ! Enfin, ce ne sont pas nos affaires.
Ben et moi avançons sans soucis et rejoignons bientôt la dernière et courte partie neigeuse qui nous conduit au sommet ! Et voià, enfin, à la troisième tentative nous voici sur la Dent d'Hérens en ce magnifique dimanche. Et en plus nous sommes seuls, quelles émotions et quel bonheur !
Nous en profitons pour faire plein de photos. Le paysage est somptueux, nous avons l'impression d'être encore une fois les rois du monde :-) J'ai une pensée toute particulière pour notre Gigi qui est ici dans notre coeur !
Le Cervin paraît si proche, nous avons l'impression qu'il nous attend ! Au fond la vallée et Cervinia, magnifique ! Le lac de la Place Moulin si loin, c'est là que nous devront retourner ce soir.
Et puis le Mont-Rose, encore et toujours des souvenirs de tous les côtés, c'est le bonheur !
Je vois également d'ici le Zinalrothorn où nous étions mercredi avec Pascal et tant d'autre courses que nous avons faites ! En attendant les copains, nous nous installons, Ben fait la sieste :-) et profitons de ces moments privilégiés qui nous sont offerts.
Olivier et Nicolas nous rejoignent et nous nous retrouvons dans une joie non dissimulée, tout fiers d'avoir réalisé cette si belle course et de nous retrouver ici.
Il reste Pierre-Yves et Chouchou qui arrivent après avoir perdu du temps avec des soucis de crampons. Et voilà, nous nous retrouvons tous les six sur le sommet de la Dent d'Hérens, seuls, c'est un bonheur parfait !
Malgré tout, après près d'une heure de pause, il nous faut songer à redescendre. La route est encore longue, nous n'avons fait que la moitié de la course.
Nous redescendons rapidement, mais prudemment l'arête sommitale avant de retrouver les dalles de la face. D'ici notre organisation est parfaite et nous gérons nos trois cordes pour tirer des rappels.
Ben et moi installons les rappels et reprenons à chaque fois une corde que Pierre-Yves ou Chouchou nous ramènent. Du coup ça avançe vite, c'est efficace et sûr.
A six, nous ne faisons pas tomber le moindre gravier sur les autres cordées, quand je pense ce que nous avons reçu ce matin, crotte de bique de *%&(ç* !!
Enfin, nous rejoignons ensuite le glacier et les conditions sont excellentes. Je me faisais du soucis en voyant descendre une cordée de trois, mais c'est parfait !
Ca va vite, ça glisse juste ce qu'il faut, que du bonheur, si ce n'est quelques énormes pierres que nous avons à nouveau failli recevoir ! Y a vraiment des pioches !
Heureusement, après avoir couru quelques fois à gauche, à droite, nous arrivons sains et sauf sur l'arête. Nous arrivons à dépasser une cordée de trois et descendons tranquillement jusqu'au col de Tiefmatten.
Nous restons concentrés malgrés les heures qui passent et la fatigue qui pourrait se faire sentir. Mais tout le monde est encore en bonne forme et tout se passe bien.
La descente du col se fait rapidement et nous rejoignons le glacier des Grandes Murailles sans soucis. Ah si, Olivier s'est fait un trou dans une fesse ! Mais apparemment ce n'est pas trop grave.
Nous nous encordons ensuite tous les six pour la descente sur le glacier. Cette fois-ci les crevasses sont encore plus visibles que ce matin, la corde est tendue à bloc :-)
Nous atteignons la pente raide sans soucis, sans le moindre pied passé dans un trou, et ça fait quand même 12 pieds ! :-) Comme observé la veille, nous partons sur la gauche et ne rencontrons pas de problèmes malgré l'état du glacier. Tout se passe sans la moindre anicroche !
Il nous nous reste ensuite qu'à rejoindre le refuge que nous atteignons en fin d'après-midi et nous ne sommes de loin pas les derniers !
Nous préparons nos affaires et ne tardons pas à continuer notre journée. Il nous reste environ 3 heures jusqu'à la voiture, la journée n'est pas finie !
Encore en bonne forme, nous avançons rapidement, mais le retour paraît toujours plus long que l'aller, surtout après 14h00 dansla montagne sans manger :-)
Enfin, la bonne humeur est toujours au rendez-vous et c'est sûrement la fatigue qui nous rends un peu euphoriques :-) Nous rejoignons ainsi nos vélos vers 20h30, juste à temps pour pédaler avant la nuit !
Quelle bonne idée nous avons eu de les prendre ! Nous dépassons en chemin des alpinistes qui doivent encore avoir plus d'une heure de marche alors que nous arrivons un quart d'heure à peine plus tard, à la frontale quand même :-)
Voilà encore une week-end absolument extraordinaire que nous avons passé en montagne, des souvenirs inoubliables qui resteront à jamais dans nos mémoires.
Une course magnifique, un sommet qui se mérite et qui m'a appris la patience d'attendre le bon moment et les bonnes conditions.
Merci à tous pour la bonne humeur, les moment d'amitiés et de partage que nous avons vécus et à tout bientôt pour de nouvelles aventures !
Bon, là encore une heure trente de route et au dodo ! :-)
Album photos : http://www.leschouchoux.com/album-1933481.html
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