Arolla - Refuge d'Aoste - Tête Blanche - Bertol - Arolla
Voici arrivé pour nous le dernier week-end de haute-montagne de la saison. Crampons et piolets vont dès la fin de la semaine prochaine laisser place aux chaussons, cordes et maillots de bain !
Après cet été mitigé où nous avons malgré tout bien profité même si nous n'avons pas pu réaliser nos projets, nous partons ce matin pour aller retrouver notre ami Gigi, extraordinaire gardien du Refuge d'Aoste.
Nous avons passé l'été a nous appeler toutes les semaines voir plusieurs fois par semaine afin de trouver un moment où les conditions étaient bonnes, la météo clémente et où tout le monde était disponible pour aller faire la Dent d'Hérens.
Enfin ce week-end tout semble réuni pour que cela puisse se réaliser. Comme au printemps, lors de notre tentative anéantie par les avalanches, nous étions passés par l'Italie, nous décidons cette fois-ci de partir d'Arolla pour une longue et belle traversée qui nous conduira chez notre ami.
Nous sommes accompagnés de Ben et partons tôt vendredi matin. Nous empruntons tout d'abord le début du chemin qui conduit à la cabane Bertol avant bifurquer à droite en direction du Haut Glacier d'Arolla.
Il fait grand beau mais nous sentons que l'été est fini car l'air est froid. Enfin le soleil n'est pas loin et nous marchons d'un bon pas. Nous sommes toutefois prudents, car les rochers sont recouverts d'une fine couche de givre ce qui les rend très glissants. La vue est magnifique, en face de nous le Mont Brûlé déjà au soleil, le Col Collon sur notre droite et tout le glacier que nous allons remonter.
J'étais venue ici il y a très longtemps avec ma maman et j'ai toujours gardé un très bon souvenir du refuge des Bouquetins où je donnais du fromage à manger à une petite souris sous les cris épouvantés de Mami :-)
Chouchou ne connait pas l'endroit et cela fait longtemps que je lui en parle mais l'occasion ne s'était encore pas présentée. Enfin aujourd'hui nous ne nous arrêtons pas au Refuge des Bouquetins, mais nous y reviendrons certainement l'hiver prochain en skis avec les copains.
Arrivés au soleil nous faisons une petite pause pour mettre nos crampons et nous ravitailler un peu puis nous repartons en direction du col du Mont Brûlé.
Le glacier est excellent et pratiquement pas crevassé, nous sommes donc tout tranquilles et profitons pleinement du paysage. Il n'y a ici pas âme qui vive à part nous trois, aucune trace, c'est la paix totale.
La montée au col se passe sans problème et au rythme où nous allons nous devrions arriver en début d'après-midi chez notre Gigi.
Mais voilà derrière le col doit se trouver le glacier de Tsa de Tsan que nous devons traverser jusqu'au col de la Division et là nous trouvons des rochers et un grand vide. Oups, on s'est trompés de col !
Je précise que nous avons deux cartes et un gps dans lequel la course a été rentrée, mais où serait le charme si on les avait utilisés ! Ben oui, l'autre col était tout moche et celui là avait une belle pente en neige, alors pourquoi s'embêter à faire compliqué :-)
Bon c'est pas tout ça, on profite quand même de la vue splendide qui est devant nous. Au fond le vallon que nous avons emprunté cet hiver en ski pour rejoindre le refuge, la Dent d'Hérens grandiose et le glacier de Tsa de Tsan avec le col de Valpelline. Y a pire quand même !
En fait nous sommes au sommets des couloirs d'où partaient les avalanches ! Comme nous navons pas envie du tout de faire demi-tour nous décidons de suivre l'arête qui rejoint le col du Mont Brûlé en espérant ne pas avoir de mauvaise surprise.
C'est plutôt de la caillasse avec quelques endroits en bon rocher, mais cela ne pose pas de problème et nous atteignons finalement notre col, nous voici en Italie ! Nous avons tout de même perdu environ 1h30 dans l'histoire, mais enfin il fait grand beau et qu'est-ce ne nous ferions au refuge sous le soleil ??! :-)))
Nous remettons nos crampons et descendons le glacier avant de remonter sur le Haut glacier de Tsa de Tsan et de biffurquer à droite vers le fameux col de la Division.
Nous nous accordons une grande pause pic-nic au soleil et prenons notre temps avant d'attaquer la descente un peu scabreuse. Enfin Gigi a remarquablement équipé la première partie avec des chaînes et de quoi faire des rappels lorsqu'il y a de la neige.
Ensuite, nous rejoignons le chemin raide et pénible quie nous amène au refuge. Notre Gigi nous accueille à bras ouverts et c'est avec une grande joie que nous nous retrouvons.
Nous nous installons tranquillement au soleil et profitons du bonheur d'être là. Nous avons mille choses à nous raconter et le temps passe vite jusqu'au repas d'autant que nous allons faire une mini sieste pendant que notre ami cuisine.
Le refuge ferme dimanche et contre toute attente il est plein samedi soir. Gigi tout malheureux nous dit qu'il doit être de retour à 14h00 demain. Nous hésitons donc, il est clair que nous ne pouvons pas faire l'aller-retour en 8h00 alors que la montée normale est donnée en environ 5h00 et qu'il faut compter le même temps pour revenir.
Nous pourrions y aller seuls, mais nous sommes venus ici pour passer du temps avec Gigi et le plaisir ne serait pas le même sans notre ami. Nous décidons donc d'attendre encore et optons pour faire le retour par Tête Blanche et Bertol. Finalement la vie est bien faite et c'est peut être aussi parce que notre Dgeôdges n'a pas pu venir que nous devons patienter :-)
Du coup, nous passons une soirée tranquille et sans stress et malgré la fatigue de la journée nous parlons avec Gigi sans voir le temps passer et allons nous coucher vers 22h00.
Samedi matin nous nous levons à 5h30, départ prévu vers 6h15. Nous prenons notre petit déjeuner en compagnie de notre ami et de son pot de nutella :-) et à nouveau nous ne voyons pas le temps passer.
Gigi est un personnage vraiment unique et hors du commun et son charisme et sa gentillesse n'ont d'égal que sa générosité et son grand coeur ! Nous sommes seuls tous les quatre et partageons un moment vraiment fort, à coeur ouvert. Tout enthousiastes nous faisons plein de projets et rions de nos idées et de nos futures aventures.
Enfin, le temps passe et il est finalement 7h00 du matin lorsque nous quittons à regret notre ami qui nous a en plus offert le gîte et le couvert !
La montée au col de la Division dans l'ombre se passe bien et je la trouve moins pénible que la descente. C'est raide donc efficace et nous arrivons rapidement au sommet. Par contrre c'est le froid polaire et il souffle un vent terrible comme en hiver !
Nous voyons les nuages défiler à une vitesse impressionnante sur les sommets et nous sommes bien heureux de ne pas être allés à la Dent d'Hérens. Avec le froid et le vent, je ne pense pas que j'aurais pu aller au sommet !
Nous mettons nos crampons et nous encordons rapidement avant de nous diriger vers le col de Valpelline. J'ai les doigts complètement gelés malgré mes gants, la corde vol entre nous, nous sommes habillés comme en plein mois de janvier ! Gla !
Nous arrivons rapidement au soleil et j'en profite tout de même pour faire une photo de notre parcours de la veille. Col du Mont Brûlé, traversée du glacier et col de la Division, sacré parcours depuis Arolla !
Nous continuons notre chemin et arrivons rapidement au col de Valpelline. En face de nous le Cervin et la Dent d'Hérens ont l'air d'être deux monstres qui nous dominent, c'est tout simplement majestueux !
Je n'ai jamais de mots pour décrire ce que je peux ressentir dans mon coeur lorsque je suis en montagne, la paix intérieure qui règne enfin en moi, le bonheur d'être là sans penser à rien et de n'avoir rien d'autre à faire qu'à admirer le paysage et profiter de ces instants. Je me ressource pour des jours entiers et trouve ici l'énergie pour avancer et affronter les problèmes de tous les jours.
Nous laissons à notre droite la Tête de Valpelline qui doit être plus sympa à faire en skis et nous dirigeons vers Tête Blanche, point culminant de notre journée.
Face à nous la Dent Blanche tout aussi majestueuses que ses voisins, que j'aimerais bien refaire par un jour de beau temps. Ah oui Gigi, on t'a promis, là-haut c'est nous qui allons t'y emmener :-)
Il ne nous reste qu'une petite centaine de mètres avant d'atteindre Tête Blanche où nous faisons un arrêt assez bref à cause du froid polaire. Enfin nous profitons tout de même d'admirer le paysage. C'est la première fois que Ben vient ici, nous la deuxième, mais c'est toujours aussi impressionnant.
J'ai une pensée particulière pour une sympathique dame qui nous avait laissé un message sur le blog et qui disait que son rêve était de venir ici. J'espère sincèrement qu'elle pourra le réaliser, car c'est sans doute l'un des plus beaux paysages glaciaire au milieu des 4000 parmi les plus importants des Alpes.
Mais enfin, nous devons songer à continuer notre route et attaquons la descente sur le glacier du Mont Miné en direction de la cabane Bertol. De là la trace ressemble à une autoroute, mais par chance nous sommes toujours seuls !
En deux jours nous n'avons croisé que deux cordées aujourd'hui et de loin, nous avons l'impression d'être seuls au monde !
Nous croisons quelques crevasses, mais les ponts sont bien durs et nous n'avons pas trop de soucis même si nous restons attentifs.
Nous longeons les Bouquetins avant de remonter un peu et de bifurquer à gauche. De là la cabane Bertol nous domine sur son éperon rocheux. Le retour à la civilisation commence à se faire sentir et nous voyons déjà des gens sur les fameuses échelles qui conduisent à la cabane.
Nous arrivons au col et rencontrons une sympathique équipe de sierrois dont une gentille dame complètement appeurée ! La pauvre a eu très peur sur le névé et ne cesse de se demander comment elle va redescendre de là.
Nous l'aidons comme nous pouvons à monter les échelles jusqu'à la cabane et je lui dis un tout grand bravo pour son courage, car si j'étais dans cet état, j'aurais carrément refusé de monter !
Nous nous installons tous sur la terrasse et partageons notre pic-nic. Enfin disons plutôt qu'ils ont la gentillesse de nous offrir le leur car nous n'avons plus grand chose à partager.
C'est le grand luxe, plateaux de viande froide, fromage, excellent vin rouge, Clairette de Die, melon. Faut être courageux pour porter tout ça jusqu'ici ! Ce sont des gens vraiment charmants et nous passons un bon moment tous ensemble
Nous passons un moment agréable et aidons ensuite la gentille dame, Danielle, à redescendre jusqu'au pied du névé, tandis que Christiane s'occupe de l'autre dame.
Tout se passe pour le mieux et nous laissons ensuite ces charmantes personnes descendre à leur rythme tandis que nous continuons notre chemin.
L'accès à la cabane s'est considérablement dégradé ces dernières années et n'est plus vraiment agréable. Nous nous étions dit il y a trois ans que nous ne monterions plus ici en été et c'est confirmé.
La descente passe encore bien par contre, mais il faut sans cesse faire attention car il n'y a plus de chemin, se ce n'est que de gros blocs sur lesquels il faut faire attention de ne pas se tordre une cheville, mieux vaut avoir le pied sûr.
Par contre la vue sur le Pigne d'Arolla est magnifique et lorsque l'on arrive aux Plans Bertol le chemin est très joli. Un petit regard en arrière pour se rappeler qu'avant il y avait là-haut un glacier et que ce n'est maintenant plus qu'un gros tas de rochers instables avec un peu de glace et un vague névé.
C'est sûr, c'est en ski qu'il faut venir ici. D'ailleurs Ben a déjà repéré quelques couloirs....
Mais pour l'instant nous continuons notre chemin. Nous rejoignons la bifurcation où nous avons pris à droite hier et avons une belle vue sur le glacier que nous avons emprunté.
Il nous reste quelques lacets avant de rejoindre la voiture. La vue sur la vallée est très jolie et nous arrivons avec le dernier soleil. Etonnamment nous sommes en pleine forme et pas très fatigués. Les jambes ne font pas souffrir, on sent que c'est la fin de la saison !
Et voilà, nous avons passé deux jours magnifiques à travers des paysages glaciaires de toute beauté et entourés de sommets prestigieux, dans un autre monde ! Celà fait longtemps que nous n'avions plus fait de randonnée glaciaire et cela nous a fait du bien, sans stress, sans regarder l'heure et sans se faire de soucis.
Une sacrée distance parcourue de Suisse en Italie, une merveilleuse manière d'aller rendre visite à notre Gigi. Aller, maintenant est venue l'heure d'aller manger ! Nous nous arrêtons chez notre amie Mireille à la pension du Lac Bleu où nous sommes accueillis comme des rois et avons la chance d'être rejoints par Georges et sa fille Mélinda qui passaient la journàe à Evolène !
Nous passons une excellente soirée avec nos amis avant de rentrer bien contents d'aller enfin dormir.
Aller, Gigi on se réjouit de nos week-end d'hiver italo-suisse et rendez-vous peut être à Cala Gonone la semaine d'après. En tout cas on se réjouit de t'accueillir ici en novembre !
On t'embrasse bien fort et encore merci de tout coeur pour tout ces bons moments partagés et pour ta générosité.
Album photos : http://www.leschouchoux.com/album-1708619.html
Refuge d'Aoste : http://www.montagneinvalledaosta.com/SITO%20FRANCESE/SITO%20INTERNET%20V.D.A%20(FRA)/pagina%2041.htm
Cabane Bertol : http://www.bertol.ch/
Itinéraire Arolla-Refuge d'Aoste : http://www.camptocamp.org/routes/49728/fr/tete-de-valpelline-par-le-rifugio-aosta-et-decsente-par-le-glacier-de-ferpecle-depuis-arolla
Refuge d'Aoste-Bertol : http://www.camptocamp.org/routes/45282/fr/tete-blanche-par-le-rifugio-aosta